Vaéra : La clarification (26/12/2013)


La seule raison qui justifie la sortie d’Egypte est la promesse NATIONALE.

Les 10 plaies ne sont pas une punition, c’est un dialogue entre D’ieu et Pharaon.                                       

Il est courant de penser que nous sommes sortis d’Egypte pour recevoir la thora. C’est faux. Les premiers versets de la parasha soulignent que la sortie d’Egypte a pour but la conquête de la terre d’Israël. L’épisode du mont Sinaï ne fait absolument pas partie du projet initial. D’où provient la confusion ? Probablement du double discours de Moïse. Aux enfants d’Israël, il se présente comme « envoyé par le D’ieu de vos pères, pour vous donner la terre de Canaan ». Cependant, il use de l’argument religieux pour convaincre le Pharaon (Traité Ketubot). Moïse adapte avec beaucoup d’habilité son argumentaire à l’audience égyptienne qui connaît l’art du service sacrificiel mais qui n’aurait jamais accepté la dimension nationale à laquelle nous prétendons. Une leçon de rhétorique qui explique, certainement, cette tendance à aborder l’identité hébraïque comme une question de culte – encore aujourd’hui.

Analysons, plus en détails, la scène du dialogue entre le Pharaon d’un côté et le tandem Moïse-Aharon de l’autre. Le Pharaon est l’autorité absolue en Egypte, il est un roi divinisé. Or, comme l’Egypte est la plus grande puissance politique et culturelle de l’époque, il va de soi que le roi de cet empire a une responsabilité gigantesque. Le Pharaon décide de l’avenir des hommes, il oriente toute l’humanité. Et voilà qu’un beau jour, 2 vieillards –vénérables- viennent lui annoncer qu’il doit non seulement renoncer à la base économique de son empire (en mettant fin à l’esclavage) mais exigent en plus qu’il se pénètre de l’idée que le fer de lance de l’humanité sera désormais composé de ses esclaves juifs libérés. Quel culot ! Comment vous réagiriez à sa place ? Nous sommes d’accord. Mais le pharaon ne réagit pas du tout de cette manière. En réalité, il accepte la suprématie d’Israël mais…à une condition.

« Qui est ce D’ieu pour que j’écoute (et me soumette à) Sa volonté ? ». Telle est la question, parfaitement justifiée, du Pharaon à Moïse et Aharon. Le roi d’Egypte est de bonne volonté. Il accepte, dans sa grandeur, de discuter le statut divin d’Israël mais pour l’instant, il « ne (re)connaît pas D’ieu » et donc il « ne renverra pas Israël ». Réponse de Moïse : mettons en place une rencontre entre toi (Pharaon) et le créateur et ce « tête-à-tête » se déroulera en 10 épisodes. Les 10 plaies représentent donc un dialogue destiné à clarifier qui est le « premier né » de D’ieu. Et si on fait bien attention, le pharaon a un comportement surprenant. Car, au lendemain de la 10ème plaie, il est exempt de renvoyer le peuple juif (il avait le choix entre la libération OU la mort des premiers nés et il a opté pour la 2ème option !). Il nous délivre car il a compris qu’Israël est effectivement source de bénédictions. Il le dit lui-même (ch 32, 12) : « Prenez votre bétail…Partez et vous me bénirez moi aussi ».

Shabbat Shalom,

Lionel.