Vayakel: Achever la création (21/02/2014)
Une fonction centrale du Mishkan: Parachever la création dans l'espace-temps
Le moyen: Le progrès humain et l'avancée technologique.
 
La parasha met en parallèle le shabbat et la construction du Tabernacle. Le rapport ? Les 39 travaux interdits le jour du shabbat sont précisément ceux nécessaires à la construction du Tabernacle. Il y'aurait donc un espace - Mishkan - pour lequel le labeur est nécessaire durant 6 jours consécutifs. Mais cet espace n'a de sens que ponctué par un temps de repos, un temps de mise en perspective de cette même création - le jour du shabbat. Oui, cela rappelle étrangement le processus de la création du monde. D'autant plus que le seul des 39 travaux interdits mentionné de manière explicite dans la thora est l'interdit de produire du feu le jour du shabbat (ch. 35, 3). Il faut arrêter toute énergie mécanique des 6 jours de labeur de manière à ressentir pleinement l'énergie céleste du temps d'introspection, le septième jour.
 
Le lien est plus profond. La thora s'ouvre par les mots "Au commencement D'ieu créa..." (Ber I,1) et le récit de la création se clôture sur les termes "...que D'ieu à créer pour se (par)faire" (Ber II,3). Il est donc évident que cette création de 6 jours dans l'espace doit trouver son perfectionnement dans ce temps du shabbat où l'élément "feu" est mis en exergue. Pourquoi précisément le feu ? Car le feu est à la base de tout le développement technologique. Sans production de feu, pas d'énergie. Sans énergie, aucune avancée humaine n'est possible. Or le progrès humain est justement un signe d'aliance entre Israël et son D'ieu depuis très longtemps. Expliquons nous.
 
Dans la mythologie grecque (ainsi que d’autres religions), il existe un problème avec la réussite de l’homme car elle entraînerait une rivalité avec les Dieux. Cette idée est parfaitement illustrée par le « mythe de Prométhée » qui vole le feu - élément technologique par excellence - pour le donner aux hommes et il en est sévèrement puni. Dans la tradition d’Israël, c’est exactement le contraire : D’ieu aime, apprécie le progrès et l’avancement du monde.
 
Observons, par exemple, comment le feu fut découvert dans la tradition du midrash. Le premier homme, à la sortie du 7ème jour, était plongé dans l’obscurité et il a pleuré. Car il pensait que, désormais, le monde serait livré aux ténèbres à cause de son péché. Le midrash nous raconte que D’ieu lui a donné 2 silex et lui a dit : « Vas-y, frotte ». Cet épisode est à l’origine de la bénédiction que nous récitons sur le feu à la sortie du shabbat. Ce qui est surprenant car on pourrait très bien allumer la lumière. De la même manière que D’ieu aurait pu donner une torche (et non des silex) au premier homme si il avait réellement voulu l’éclairer. Mais non ! D’ieu a voulu que l’homme fabrique lui-même son feu. C'est-à-dire que, dès le départ, la technologie et le progrès humain ont été pensés et voulus dans le projet du Créateur. 

Shabbat Shalom,

Lionel.