BÉRÉCHITE (Genèse)
CHÉMOT (Éxode)
VAYIKRA (Lévitique)
BAMIDBAR (Nombres)
DÉVARIM (Deutéronome)

 

 

La majesté divine

Dès l’achèvement de la construction du Tabernacle, haut lieu du culte à l’Eternel et sa résidence, deux éléments reposent sur le Sanctuaire : la nuée qui l’enveloppe de toutes parts, et la gloire de l’Eternel qui en emplit l’espace ; comme la Torah dit : ‘’La nuée enveloppa la tente d’assignation et la majesté de l’Eternel emplit le Tabernacle ; et Moïse ne put pénétrer dans la tente d’assignation, car la nuée reposait sur elle, et la majesté divine emplissait le Tabernacle’’(Chemot, chap. 40 – v.34, 35) Au premier abord ce sont ces deux éléments qui empêchent Moïse de pénétrer dans le Sanctuaire. Aussi, pour la clarté du texte, il convient de s’interroger sur la nature de cette gloire de l’Eternel qui réside dans le sanctuaire et dont la présence occupe l’espace, et le rapport entre la majesté divine et la nuée .

Maïmonide dans son ‘’Guide des égarés’’ définit ‘’la gloire de l’Eternel’’ comme étant une expression qui désigne la lumière appropriée, créée par l’Eternel et déposée d’une manière miraculeuse en un lieu déterminé pour y manifester sa présence. Cette lumière est appelée ‘’chekhina’’ présence divine ou ‘’kvod Hachem’’ la majesté divine. Dans son optique , l’expression‘’la majesté divine emplit le Tabernacle’’ est synonyme de perfection. En d’autres termes, en établissant sa résidence dans le Sanctuaire, D… témoigne de la perfection de ce lieu, qui atteste dès lors de sa présence. Tel que l’exprime le prophète Isaïe (6 – 3) : ‘’ toute la terre est pleine de sa gloire’’. Quant à la nuée qui entoure le sanctuaire, elle constitue un grand voile qui vient s’interposer entre la chekhina et le peuple d’Israël, afin qu’il puisse percevoir la présence de l’Eternel. En effet, la matière et l’opacité de notre substance ne nous permettent pas de percevoir la majesté divine. Maïmonide précise : ‘’Cela ne veut pas dire que D… est un corps entouré de brouillard et de nuages qui empêchent de le voir ; mais que la perception de son véritable être nous est impossible à cause de la matière ténébreuse qui entoure notre être, et non le sien.’’ Abarbaneel soutient que « la gloire de l’Eternel » désigne l’esprit suprême qui est la chekhina, la présence divine, ou  encore la lumière tangible qui est entrevue dans les nuées par toute la maison d’Israël. Cette lumière et cette nuée prennent source dans l’œuvre de la création .Cette lumière fut consignée, selon nos Sages, pour les Justes dans les temps à venir, après avoir servi à D… jusqu’à la création des luminaires. Et contrairement à ces derniers , cette lumière ne disparaît pas à l’horizon. Elle est éclipsée par la nuée, ce qui permet aux ténèbres de s’étendre dans l’univers. La nuée n’est pas celle qui résulte habituellement de la densité de la vapeur, mais une création intrinsèque , à l’instar des ténèbres qui couvraient la face de l’abîme le premier jour. 

Il résulte donc, selon Abarbaneel, que la gloire de l’Eternel est la lumière créée originellement ainsi que la nuée de gloire qui l’enrobait. C’est cette lumière qui illumina la face de Moïse notre Maître. C’est de cette nuée de gloire et de la majesté divine qu’il est fait état dans le verset qui vient couronner l’édification du Temple : ‘’La nuée enveloppa la tente d’assignation et la majesté de l’Eternel emplit le Tabernacle’’. 

 

La portée de la prière

Les travaux du Tabernacle achevés, ‘’Moïse examina tout le travail : or ils avaient fait selon ce qu’avait prescrit l’Eternel. Et Moïse les bénit’’ (Ex. XXXIX – 43).

A ce propos, Rachi rapporte le Midrach : ‘’Moïse éleva la prière en ces termes : ‘’Que ce soit la volonté de D… que la Chekhina, la présence divine, repose sur l’œuvre de vos mains’’, ‘’Que la bienveillance de l’Eternel notre D… soit avec nous, et l’œuvre de nos mains, établis la sur nous ; et l’œuvre de nos mains, détermine-la’’ (Ps. XC – 17).

Cette prière empruntée au psalmiste établit la liaison intime des deux éléments qui assurent notre réussite et notre bonheur avec la bienveillance de l’Eternel. Elle se réfère tant à la liberté de notre action en conformité avec les prescriptions de l’Eternel, qu’à notre obéissance à ses lois. Il est quelque peu étonnant cependant de la part de Moïse notre maître d’avoir recours à cette prière, alors que la Thora atteste que les maîtres d’ouvrage se conformèrent scrupuleusement aux indications qui leur furent données. Comme le fait remarquer le Midrach, la Thora répète à dix-huit reprises la phrase : ‘’Ils firent comme l’Eternel l’avait ordonné à Moïse. Ainsi firent-ils’’, pour établir l’origine des dix-huit bénédictions contenues dans la prière silencieuse, la Amida, attitude debout, appelée ‘’Chmoné Essré’’, les dix-huit, sous-entendu bénédictions. 

Ainsi donc il est clairement établi que les maîtres d’ouvrage firent preuve dans la réalisation de l’œuvre qu’ils accomplirent, de fidélité et d’esprit de dévouement. Et dès lors, pourquoi craindre que la présence de l’Eternel ne repose point sur le labeur de leurs mains ? Par ailleurs, n’est-ce pas ce qui fut convenu sur ordre de l’Eternel : ‘’Ils me feront un sanctuaire et je résiderai au milieu d’eux’’ (Ex. XXV – 8), et alors, dit l’Eternel : ‘’C’est là que je te donnerai rendez-vous et je parlerai avec toi de dessus de propitiatoire….’’ (Ex. XXV – 22). De plus, suite aux indications relatives à l’offrande des sacrifices dans le Tabernacle, l’Eternel dit : ‘’Je m’y rencontrerai avec les enfants d’Israël et il sera sanctifié par ma gloire’’ (Ex. XXIX – 43). Enfin en guise de conclusion des multiples ordonnances, l’Eternel proclame : ‘’Et ils sauront que Moi l’Eternel Je suis leur D… qui les ai tirés du pays d’Egypte pour que Je réside parmi eux. Je suis l’Eternel leur D…’’ (Ex. XXIX – 45). Dès lors on ne comprend pas la portée de la prière et la place qu’elle occupe. Dès lors, nous devons convenir que lorsqu’une entreprise est édifiée et achevée par les hommes, quand bien même elle serait conforme au plan établi jusque dans ses derniers détails et exécutée comme l’Eternel l’a ordonné, et quand bien même les hommes auraient déployé tout leur zèle et surmonté la tentation très grande de donner libre cours à leurs initiatives artistiques, ou encore fait valoir une note personnelle dans la réalisation des travaux, quand bien même ils subordonneraient leur volonté strictement à l’ordre divin et exécuteraient leur travail sans nulle autre ambition que celle d’accomplir la volonté divine dans l’esprit et dans la lettre, nous devons convenir qu’il demeurerait que tout leur ouvrage n’offre aucune garantie quant à sa future réussite. Car celle-ci n’est pas en leur pouvoir ; elle ne dépend ni de leur bon vouloir ni de leurs capacités. Et c’est là qu’intervient le facteur irrationnel de la bénédiction de la sollicitude à l’Eternel pour combler l’œuvre des hommes d’une parfaite réussite. D’où la nécessité de l’intercession de Moïse qui fut agréée comme en témoigne la Thora : ‘Lanuée enveloppe la tente d’assignation et la majesté du Seigneur emplit le Tabernacle’’ (Ex. XV – 39).

On retrouve une idée analogue développée dans le cadre des rapports de l’homme vis à vis de son prochain à travers le récit de Yossef et ses frères. Rappelons l’épisode des dix frères de Yossef accusés d’espionnage et menacés d’être condamnés s’ils ne revenaient pas présenter leur frère Benjamin à Yossef le prince d’Egypte. Celui-ci retient en otage Shimon et promet de ne le libérer qu’en présence de Benjamin. Informés de leur infortune, le patriarche Yaakov refuse de laisser Benjamin les accompagner, prétendant : ‘’Mon fils ne descendra pas avec vous car son frère n’est plus et lui seul reste encore. Il lui arriverait un accident sur la route où vous irez, et vous ferez descendre, sous le poids de la douleur, mes cheveux blancs dans la tombe’’(Gen. XLII – 38).Mais le moment venu, le ravitaillement épuisé, le patriarche Yaakov se voit contraint de céder aux conditions posées par ce prince d’Egypte :’’Et leur dit : S’il en est ainsi, faîtes donc ceci : mettez dans vos bagages des meilleures productions du pays et apportez-les en hommage à cet homme : un peu de baume, un peu de miel, des aromates et des lotus, des pistaches et des amandes…. Que le D… tout puissant vous fasse trouver grâce auprès de cet homme….’’ (Gen. XLIII – 11, 14).

Rachi commentant ces dernières paroles du patriarche Yaakov, dit : ‘’Maintenant vous ne manquez plus de rien, sinon de prières. Et bien, je prie pour vous’’.A priori pourquoi prier pour eux ? Craindrait-il que le prince d’Egypte revienne sur sa parole donnée ? La correction et les présents somptueux des frères de Yossef ne convaincraient-ils pas ce prince d’Egypte ? Aussi nous devons convenir là aussi que la logique et le bon sens ne nous assurent pas du déroulement normal des événements attendus tout naturellement. Le cours de l’histoire peut prendre une tournure contre toute attente due à la faillibilité des hommes, à l’imprévisible qui survient. Aussi la sollicitude à l’Eternel et sa bienveillance s’imposent. C’est en implorant les faveurs du ciel que le cours naturel des choses et des événements se réalise. 

Le même thème apparaît dans ce passage talmudique (Berakhoth 3 b) qui relate que lorsque les Sages d’Israël entrèrent chez le roi David et lui dirent : notre maître, ton peuple d’Israël a besoin de subsistance. Il leur répondit : Allez et assurez vos subsistances     l’un    par    l’autre.    Ils lui répliquèrent : Nos réserves sont bien maigres et elles ne suffisent pas plus qu’une poignée de céréales ne saurait rassasier un lion, et une citerne  ne se remplit pas de l’eau de pluie qui tombe sur sa margelle. Elle a besoin d’un apport extérieur. Allez, répondit-il, qu’un bataillon fasse main basse sur une province voisine. Aussitôt ils consultaient Ahitofel pour prendre conseil d’un homme éclairé et expert en stratégie guerrière, demandaient l’avis du Sanhédrin pour s’enquérir de leur autorisation et pour que ceux-ci prient pour eux ; enfin ils interrogeaient les ourim et les toumim afin de savoir s’ils allaient réussir dans leur entreprise’’. 

Nous pouvons nous interroger sur le pourquoi ils ne sollicitaient la voix divine à travers les ourim et toumim qu’en dernier lieu. La logique dicterait plutôt de consulter ceux-ci en premier. Si la réponse est positive, alors ils se tourneraient vers Ahitofel pour qu’il leur indique la stratégie d’attaque à adopter ; et puis au Sanhédrin pour y recevoir l’avis sur le plan de la loi. Là aussi nous devons reconnaître qu’en absence de la prière, on ne peut attendre une aide du ciel.

C’est pourquoi l’ordre qu’ils adoptèrent est celui de solliciter l’aide logistique de Ahitofel, puis prendre l’autorisation sur le plan légal du Sanhédrin et tout particulièrement de demander leur intercession en prières à l’Eternel pour la réussite de leur entreprise. Et enfin après avoir éveillé la miséricorde de l’Eternel, ils se tournent vers les ourim vétoumim pour connaître l’issue de la guerre économique nécessaire qu’ils doivent livrer. Sans la prière au préalable, la voix divine à travers   les   ourim vétoumim   reste    muette.

 

La prophylaxie

En guise d’introduction, je voudrais rappeler quelques notions dans les grandes lignes de l’approche de la Thora et de la philosophie qui s’en dégage en ce qui concerne la maladie, le malade et le médecin .

Les textes de la thora ne sont pas des traités scientifiques. On y trouve néanmoins des allusions à la maladie  et à la médecine ; tels que ‘’Toutes les maladies et fléaux qui ne sont pas inscrits dans le livre de cette loi’’ (Deut. XXVIII – 61)

Dans l’enseignement de la Thora, c’est D… qui a créé les lois naturelles et c’est par sa volonté permanente qu’elles existent.

C’est la même chose pour la maladie. Elle survient selon les lois naturelles  mais il faut y voir la main de D…

L’approche de la maladie dans la Thora concerne aussi bien les troubles physiques que spirituels, socio-économiques ou encore politiques.  Le moral et le physique ne sont jamais séparés. Les passages de la Thora qui nous permettent de comprendre avec quel esprit est abordée la santé en général, et la prévention  en particulier, nous engage à la responsabilité . Ainsi, il est interdit de se mettre en danger en disant par exemple : ‘’Si D… ne veut pas que je sois malade, je ne le serai pas’’. Car si cela est vrai, il ne faut pas néanmoins être prétentieux au point de demander que les lois naturelles soient changées pour sa personne . Dans le Talmud, il est enseigné : ‘’Tout est entre les mains du ciel sauf le froid et le chaud’’ (traité Baba Batra 144 b). Ce qui veut dire que l’homme qui ne s’en préserve pas doit se tenir pour responsable de ce qui lui arrive et ne pas accuser le ciel ou le destin. Dans le même esprit, il est interdit de dire : ‘’C’est D… qui a voulu que je tombe malade’’ et de se laisser aller.

La Thora nous autorise et nous impose même de nous soigner par tous les moyens que la science médicale met à la disposition de l’homme ; car pour la Thora, rien n’est plus important que la vie. Et c’est pourquoi le médecin jouera le rôle d’intermédiaire entre D… et le malade et aura le devoir d’employer sa science médicale pour soigner le malade ;  Mais c’est D… en définitive qui guérit véritablement, comme il est écrit : ‘’Je suis l’Eternel qui te guéris’’ (Ex. XV – 26). Cependant le médecin doit prêter une grande attention avant de prescrire un traitement ou de s’en abstenir s’il n’est pas sûr de lui. Il ne doit par ailleurs jamais  perdre de vue qu’il est un intermédiaire, tel un messager de l’Eternel chargé de donner des soins au prochain -  cf. la prière médicale attribuée à Maïmonide.

La Thora met un accent particulier sur la prévention pour éviter l’éclosion de troubles ou en réduire l’extension et la gravité. Pour cela, elle préconise l’éducation, la prise de conscience  pour lutter contre toute maladie et tout fléau. L’esprit de prévention qui anime la Thora s’étend à de très nombreux domaines (travail, environnement, famille, alimentation, rapports sociaux etc…) le Choulkhane Aroukh enseigne : ‘’C’est suivre les voies de D… que d’avoir un corps sain et parfait’’(XXXII – loi 1). Ceci fait référence au verset de la Thora : ‘’Prenez bien soin de votre vie’’(Deut. IV – 15). Ce commandement constitue un fil d’ariane pour qui veut comprendre la Thora. 

De nombreux enseignements sont dérivés de cette mise en garde de la thora, tels que ne pas se rendre dans tout endroit dangereux, ou manger avec les mains sales, ou encore l’obligation de construire une balustrade autour du toit (Deut. XXII – 8) ; ou encore prévenir contre tout obstacle qui pourrait causer un danger. De même il faut protéger son corps contre toute blessure , contre tout coup, contre tout dommage. De même il faut protéger ses biens contre toute perte, tout dégât et tout dommage. Ainsi, si quelqu’un brise un objet, déchire un vêtement, abîme un aliment ou une boisson, ou jette  de l’argent inutilement , ou détériore quoi que ce soit susceptible de profiter à un être humain, il transgresse un commandement négatif. Comme il est dit : ‘’Tu ne dois pas détruire les arbres’’ (Deut . XX – 19). Ainsi, nous pouvons dire que les enseignements de la Thora englobent certainement dans leurs principes toutes les mesures de la prévention moderne (de la ceinture de sécurité à la campagne anti-tabac). Mais l’esprit de prévention de la Thora n’est pas la uniquement dans le domaine de la santé . Il prévaut également dans tous les domaines de la vie spirituelle . Ainsi, un maître du Talmud Nivaï Daebel disait ‘’éloigne-toi d’un mauvais voisin, ne fréquente pas des hommes immoraux et ne te vante pas d’avoir échapper à une punition’’. Enfin, nous trouvons cette parole dans le Pirké Avoth:’’La Thora est grande  car elle donne la vie à celui qui l’applique’’Pirké Av. (VI – 7)  ; comme il est dit : ce sont des lois de vie pour ceux qui la comprennent et guérit tous leurs membres. Il est dit également : elle sera un médicament (une thérapie) pour ta chair et vivifiera tes os. Et il est dit aussi : c’est un arbre de vie pour ceux qui se renforcent en elle. 

Enfin  la Michna dans le traité des Pères, enseigne : Rabbi Elazar Ha Kappar disait : la jalousie , l’envie (le désir), et la recherche des honneurs (l’ambition), expulsent l’homme du monde (abrègent  la vie) (IV -  28). Le but est là encore de prévenir. Et au chapitre XXX, la Thora dit :’’Regarde , je mets aujourd’hui la vie et le bien, la mort et le mal … J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, tu choisiras la vie afin que tu vives, toi et ta descendance’’. En conclusion nous dit la Thora (Deut. VI – 24),  mettre en pratique toutes ces lois  afin que nous soyons toujours heureux et que nous y consacrions notre vie. 

C’est en vue de cela qu’il est du devoir de toute personne et de la collectivité humaine, des responsables de la santé, de faire tous les efforts nécessaires pour la prévention et la non propagation  de quelque maladie que ce soit , et plus particulièrement pour ce fléau du sida. 

Chaque individu a le devoir de se prémunir , de prendre les précautions qui s’imposent suivant les indications des médecins et conformément à la halakha, pour ne pas contaminer d’autres ou la contracter soi-même. La méthode préventive préconisée ou la mieux conseillée pour son efficacité par le corps médical, c’est l’usage du préservatif masculin, j’ajouterai ou féminin.

La halakha inspirée de la Thora, ne permet pas à l’homme d’utiliser le préservatif, car l’usage du préservatif conduit à l’émission de la semence en vain et rend le rapport sexuel en opposition avec l’esprit de la Thora (amour, mariage, procréation). Cependant, il y a certains décisionnaires qui ont permis l’utilisation du préservatif masculin en cas de danger, tel que pour le cas du sida. Il demeure néanmoins que la question reste personnelle et individuelle et qu’elle doit être résolue au cas par cas suivant l’avis des médecins et de la halakha, par les Rabbins spécialisés en la matière. Le préservatif féminin répond davantage , selon la halakha, au problème posé. Car l’ordonnance de la procréation et celle du devoir conjugal, s’adressent à l’homme et non à la femme. D’un point de vue éthique juif, le chirurgien et le corps médical en général, confrontés au virus du sida, demeurent soumis au devoir de porter secours au prochain ; mais le patient également doit participer à cette responsabilité, de même que le système social dans lequel s’effectue l’exercice de la santé. Si le médecin doit apporter assistance à son patient, il se doit également de mettre en œuvre tous les moyens disponibles pour réduire à zéro son risque personnel de contracter la maladie. Il est également important d’imposer une transparence absolue dans la relation soignant-soigné. Le non respect de la part du patient ou de la structure de soins, dégage du point de vue éthique  le chirurgien de son obligation de soins. 

Sur le plan halakhique, la personne atteinte de cette maladie ne doit pas être rejetée ou exclue de la société. Il doit être considéré comme tout autre malade atteint d’une maladie contagieuse très grave et dont on n’a pas encore trouvé le remède. 

Je voudrais indiquer quelques règles de loi quant à l’attitude du judaïsme face au fléau du sida.

-La personne atteinte du sida peut utiliser le mikvé, le bain rituel (le virus ne se propage pas par le biais de l’eau – pour plus de précaution, on peut ajouter du chlore dans l’eau du mikvé)

-Le médecin qui soigne les personnes atteintes du sida ne doit pas porter de jugement quant à la conduite des patients sur le plan moral, si cela heurte sa philosophie ou sa religion, tel que la personne contaminée suite à une pratique homosexuelle, ou de prostitution, ou encore la drogue. Le médecin ne peut pour cela les maltraiter.

-De même , pour le personnel soignant, ils doivent se comporter comme à l’accoutumée avec la personne porteuse du virus et la traiter au même titre que les autres patients. Ils ne peuvent se retrancher de crainte d’être contaminés lorsque le danger est pratiquement nul, étant donné les précautions prises.

-La prescription de rendre visite aux malades s’applique également aux personnes atteintes du sida.

-Il ne faut pas retirer les enfants atteints du sida de leur cadre scolaire.

En principe, il ne faut pas empêcher la personne atteinte de la maladie de faire partie du miniane. Si cette personne fait un retour aux sources (techouva), il peut même être un ministre officiant et même les jours de Kippour et de Roch Hachana. S’il est Cohen, il est appelé à monter près de l’Arche Sainte et prononcer les trois bénédictions des prêtres à l’intention de l’assemblée, à condition que celle-ci l’agrée.

Le malade du sida peut témoigner. Il n’est pas inapte au témoignage.

En ce qui concerne le deuil, les proches ont l’obligation d’observer le deuil.

Les personnes qui s’occupent de la toilette mortuaire, doivent faire leur devoir normalement, en prenant soin de mettre des gants.

Il est du devoir de la personne atteinte du sida de le faire savoir aux personnes avec lesquelles elle a des rapports sexuels. 

Il convient de convaincre le malade d’entreprendre cette démarche lui-même ; dans le cas contraire il faut le lui faire savoir , même contre sa volonté.

En principe, la personne atteinte du sida, il lui est interdit de vivre une vie sexuelle avec le ou la partenaire de crainte de le contaminer. Car il est interdit à l’homme d’utiliser le préservatif, que cela soit lui ou elle qui souffre de la maladie. C’est pourquoi le divorce s’impose dans ce cas. 

En ce qui concerne l’avortement, lorsque la mère souffre de cette maladie, l’arrêté de loi est partagé en deux avis :s’il est permis ou pas de provoquer l’avortement, étant donné qu’on n’est pas certain que le fœtus soit atteint .

Le nouveau-né séro-positif  mais en bonne santé, ne justifie pas le report de sa circoncision au huitième jour. Mais s’il naît avec le sida, la maladie, alors la circoncision est reportée jusqu’à ce qu’il soit rétabli (trouver vaccin) .

Le virus du sida a soulevé le problème de la ‘’metsitsa’’ (l’aspiration du sang de la circoncision) ‘’l’alliance inscrite dans la chair’’, du fait du danger possible de l’enfant ou du mohel (péritoniste). Aussi, certains décisionnaires préconisent de suspendre cette pratique jusqu’à ce que le fléau se résorbe  ou alors d’utiliser une pipette munie d’un coton. Mais de l’avis de tous, s’il y a une crainte certaine, il est interdit au mohel de pratiquer la metsitsa.

En conclusion, la vie conjugale n’est pas séparée dans la Thora de la vie conjugale. Nous ne pouvons donc pas parler de la conception de l’amour en la confrontant à ce que la civilisation occidentale a appelé ‘’la libération sexuelle’’ et ses conséquences . Bien entendu, il ne faut surtout pas parler de retour à l’époque précédant cette libération. En vérité noptre mode de vie procède d’une philosophie – une action finie procède d’une pensée-

La Thora n’a jamais voulu séparer le sexe de l’amour. Comme elle ne sépare pas le corps de l’esprit, le physique du psychique, la matière de la spiritualité, elle ne sépare pas non plus la sexualité de l’amour et des sentiments. Elle ne conçoit ni n’accepte l’amour de deux corps dissociés de leur âme, elle n’admet que l’amour de deux êtres dans leur plénitude, car l’union sexuelle doit aussi être une union avec l’autre et ce qu’il apporte. L’individu insuffisant  doit dans sa sexualité, atteindre le niveau supérieur  de l’unité en sacrifiant son ego et édifier un nouvel être, le couple.

La sexualité en dehors du couple, c’est vouloir préserver son moi avant tout, le partenaire n’étant qu’un moyen et pas un autre être, avec lequel on s’unit. C’est pourquoi la Thora préfère pour la réalisation de cet idéal d’amour, le cadre de l’association engagée de deux êtres engagés l’un vis-à-vis de l’autre et les deux vis-à-vis de cet idéal.

La finalité des rapports sexuels dans la Thora est basée sur deux devoirs différents et ayant la même valeur

1)la procréation – croissez et multipliez-vous (Gen. I – 28  et   IX – 1 et 7)

2)la satisfaction sexuelle :il ne devra point la frustrer (la femme) de sa nourriture, de son habillement ni de son droit conjugal(Ex. XXI-10)

 

 

 

Grand Rabbin Chalom Benizri.