Shemot : L’objectif (19/12/2013)
Le livre de Shemot exprime le projet d’Israël et l’objectif de la création.
Un leader authentique doit tout d’abord s’identifier aux souffrances de son peuple.
Le livre de Shemot est très différent du livre de Bereshit. Le 1er livre du Houmach relate la création et les débuts de l’humanité mais n’en donne pas l’objectif. Le livre de shemot, lui, remplit cette fonction. « Et voici les Shemot des enfants d’Israël qui viennent en direction de l’Egypte… ». Remarquons ici que ce n’est pas les enfants d’Israël qui débarquent en Egypte – mais leurs Shemot. La différence est majeure : Shem en hébreu biblique ne veut pas forcément dire « nom » mais bien « objectif » (leShem Ma signifie encore aujourd’hui Dans quel but ?). Ainsi, le livre de shemot est essentiel puisqu’il donne la raison et l’objectif du peuple d’Israël en Egypte. Si Bereshit relate le « quoi », Shemot exprime le « pourquoi ».
L’objectif du livre tout entier est la sortie DE l’Egypte (Et non la sortie d’Egypte). En effet, il s’agit de délivrer l’Egypte toute entière de sa servitude aux dogmes et doctrines païennes. C’est pourquoi le but ultime est Yetziat Mitzrayim (la sortie DE l’Egypte) et non pas Yetzia MiMitzrayim (la Sortie EN PROVENANCE de l’Egypte) que nous avons vécue il y’a 3000 ans. Amener l’humanité à la connaissance du D’ieu d’Israël est encore notre mission aujourd’hui (Ezeckiel 48). A l’époque de Moshé Rabbenou, nous avons réussi – partiellement. Ce qui explique le décalage qu’il y’a dans notre calendrier entre Pessah (qui souligne l’évènement dit Yetzia Mimitzrayim) et Souccot (qui entrevoit une Yetziat Mitzrayim universelle). Ces 2 fêtent devaient tombent le même jour de l’année (le 15 nissan) – le texte est clair là-dessus. Mais l’Egypte, fer de lance de l’humanité à l’époque, n’a intégré qu’en partie qu’Israël était la source de bénédictions de l’humanité toute entière (Paroles du Pharaon).
Concluons par un mot sur le nouveau leader, en charge de cette première Guéoula : Touvia. Etrange personnage. Il est communément appelé Moshé (nom égyptien que lui attribue la fille du Pharaon) mais son nom hébreu est Touvia selon nos Sages. Il grandit donc entre 2 cultures et 2 destinées complètement différentes. En tant que fils adoptif de Pharaon, il peut devenir roi d’Egypte et en fils biologique d’Amram (chef de la Tribu de Levi), Roi d’Israël. D’ailleurs, le texte entretient cette ambiguïté : « Moshé grandit et sortit vers SES frères… ». S’agit-il de ses frères Egyptiens ou Israelites ? Le Ramban et Ibn Ezra diffèrent sur ce point. Il semble que Moshé soit parti dans l’intention de trancher entre ces 2 camps. Or, lorsqu’il aperçoit un « homme égyptien » frapper un « homme hébreu », il prend parti pour l’offensé qui devient « un homme hébreu parmi ses frères ». Intéressant il est de noter que le signe distinctif premier du libérateur est le devoir de s’identifier avec la souffrance du peuple, bien avant toute révélation.
Shabbat Shalom,
Lionel.
Vaye’hi : Le sens des bénédictions (12/12/2013)
Douze conceptions se disputent la Royauté : Quel est le choix de Yaakov ? Pourquoi lui ?
La complémentarité de ces 12 caractères différents est à la base de la stabilité politique.
Le point culminant de la parasha se situe dans la mise au point des fonctions nécessaires au royaume d’Israël à travers les bénédictions que Yaakov transmet à ses enfants avant de mourir. Don Itzhak Abrabanel, diplomate et homme d'affaires juif du XVème siècle, interprète les bénédictions comme étant la justification du choix de Yehuda comme détenteur du pouvoir en Israël. Tentons donc d'analyser sur quoi repose la disqualification de chacun des frères et d'intégrer la valeur ajoutée de la tribu de Yehuda.
Reuven, à cause de son impétuosité, risque de mener une politique de précipitation afin d’obtenir des résultats instantanés au risque de bafouer les valeurs de base de la Nation.
Siméon et Levi savent défendre l’honneur de la Nation mais ils sont violents. Leur fanatisme, bien qu’utile dans des circonstances exceptionnelles, ne peut pas assurer la permanence politique. Il faut donc les disséminer en Israël pour qu’ils deviennent source de bénédiction.
Zevulun, mêlé au commerce international, pourrait être amené à préférer les intérêts du "Fond Monétaire Internationale" à ceux de son propre peuple. Car le développement des régions (symboles de « Sidon ») est, pour lui, plus important que celui de la Nation d’Israël.
Issakhar, porté essentiellement sur l’étude, risque de renoncer à l’indépendance politique. Il préfère être gouverné par des autorités étrangères afin d’étudier en toute tranquillité.
Dan, le combattant de guérilla, Gad l’homme d’armée, Asher l’économiste, et Naphtali l’orateur d’envergure, sont tous trop focalisés sur leurs domaines respectifs pour posséder la vision d’ensemble nécessaire au dirigeant de l’état.
Yosseph, détenteur du pouvoir en Egypte, juste entre tous, semble le mieux placé mais ne peut cependant pas prétendre à la royauté perpétuelle, car il n’entraine pas l’adhésion de ses frères.
Benjamin est l’homme choisi par l'Eternel pour les commencements (royauté de Saul) et pour les clôtures (Esther), mais ne peut assurer la continuité du pouvoir dans l’histoire d’Israël.
Il reste Yehuda, qui emporte le soutien de ses frères. Il connait le secret de la patience, indispensable en politique. Il est décrit comme un lionceau (gour) qui devient lion (arie), puis un lion géant (lavi). Sa force est de rester fidèle à des buts éternels et ainsi aborder les difficultés de la réalité. Il est donc celui qui est capable d’entreprendre la libération d’Israël, dont les sages du Talmud (Yer. Berakhot I,1) ont dit qu’elle se réalise progressivement.
Shabbat Shalom,
Lionel.
Vayigash : Mens Sana in Corpore Sano (05/12/2013)
Deux conceptions s’affrontent tout au long de l’histoire : celles de Yehuda et Yossef.
Les temps messianiques dépendent de la rencontre entre le corps et l’esprit d’Israël.
Les haftarot, comme chacun sait, insistent en général sur l’essentiel de la parasha pour en illustrer le contenu. Le prophète Ezeckiel aurait logiquement du traiter de la descente du peuple en Egypte, ce thème étant central dans notre parasha. Mais la haftara toûche un autre sujet : la rencontre des 2 « arbres d’Israël » ou la collision entre Yehuda et Yossef.
La parasha commence très fort : « Et Yehuda s’avança vers lui… ». Vayigash est la seule section de la thora qui commence au milieu d’un dialogue interrompu à la fin de Mikets. Nos sages –responsables des coupures de la thora- y ont forcément vu un tournant énorme. Yehuda apparaît pour la première fois comme apte au leadership. Lorsqu’il s’agit de prendre des responsabilités –Vayigash- c’est lui qui remplit cette fonction dans la famille ; il agit d’en bas. Yossef, lui, représente une autre facette de la royauté d’Israël – qui agit d’en haut. On pourrait, précisément, associer la perfection à Yossef et le perfectionnement à Yehuda. Car Yossef est celui qui n’a jamais connu la faute tandis que Yehuda a cette faculté de se relever, il est l’inventeur de la Teshuva (après avoir succombé à Tamar) – moteur du futur d’Israël.
Le roi David (psaume 48, 5) voit dans ces 2 personnages 2 types de messianisme. Le premier – Mashiah ben Yossef- exprime une tradition messianique qui touche au cosmopolite. La Guéoula ne vient effectivement pas sans relations internationales, sans dirigeants qui ont appris l’art des sciences politiques chez les Nations. Le Mashiah Ben Yossef est celui qui côtoie les cafés parisiens et autres salons de Vienne du 19ème à l’instar de Yossef au Palais du Pharaon, conscient de la dimension politique du processus de Gueoula. C’est l’enveloppe. Mais le cœur se joue en Israël avec celui dit Mashiah Ben David – descendant de Yehuda. Nous avons la preuve dans notre parasha (ch 46, 28) lorsque Yaakov n’acceptera de rejoindre sa famille en Egypte que sous condition. Il ordonne à Yehuda de lui bâtir une maison d’études (Rashi) fidèle à l’enseignement de ses pères, fidèle à la Thora d’Eretz Israël. Une manière pour Yaakov de dire à Yossef que le destin ultime du peuple juif se joue en Israël. Yaakov vient ici de s’aligner avec la vision de Yehuda.
Pour nous, sportifs, la recette gagnante du messianisme repose donc sur un dicton familier : « Un esprit saint dans un corps saint ». A l’enterrement de Theodore Herzl, le Rav Kook compara le corps, l’enveloppe exécutive au Mashiah Ben Yossef et l’esprit au descendant de Yehuda –Mashiah Ben David. Or, si cette opposition saine entre ces 2 conceptions traverse l’histoire juive toute entière (Elisha ben Abouya – Rabbi Akiva, Rehavam – Yerovam, etc..), c’est parce que ces 2 rôles sont essentiels. Ils expriment en eux l’essence et l’aboutissement de tout le livre de Bereshit : relier matériel et spirituel, la splendeur et l’éternité.
Shabbat Shalom,
Lionel.
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